L'idée du jeu est née fin 2003 après avoir vu KillBill. J'ai repensé à Reservoir Dogs et à la scène où plusieurs personnages se braquent mutuellement ! Je me suis dit qu'un jeu de négociation où les joueurs se menaçant les uns les autres pouvait être rigolo... J'ai réfléchi à tout ça sur mon vélo (c'est fou ce qu'on peut créer comme jeu sur un vélo) et j'ai fait une première maquette (pas sur mon vélo... une fois à la maison ;-). J'avais justement une soirée jeux le lendemain, j'ai sorti cette maquette pour finir la soirée. Ce fut un grand moment de rigolade ! Comme on n’avait pas de flingues en plastique, on a utilisé nos doigts comme dans la cour de recré ;-) C'était la première partie de KillDog... qui plutard deviendrait CA$H'n GUN$.
Par la suite, j'ai fait quelques modifications et j'ai acheté des gros pistolets à pétards à Toys R Us. J'ai baladé ma maquette dans toutes les soirées jeux (à la maison, au BUREAU pour les soirées jeux JOCADE et même au festival des jeux de Cannes) pour la faire tester à tous mes amis joueurs (et même à tous les pauvres malheureux qui passaient par là)...
Début 2004, c'est Bruno Cathala qui m'a mis en contact avec Des Jeux sur un Plateau. Le magazine changeait de formule et la rédaction cherchait des jeux pour faire un encart chaque mois. Je leur ai proposé deux maquettes et ils m'on pris KillDog pour le numéro d'Octobre.
Là, j'avais un petit problème : ma maquette, elle était pas très présentable (du moins pour un magazine) et pas vraiment au format "encart". Comme j'étais en contact avec PNL (le webmaster de Jesweb qui avait fait l'encart du N°6), je lui demandais quelques conseils... de conseils en coups de main, il a fini par faire la totalité de la maquette presque tout seul ;-) Merci PNL !
Entre temps, j'ai emporté la maquette aux Rencontres Ludopathiques de Bruno Faidutti. Là, le jeu a eu son petit succès. Pendant que je gagnais à Mare Nostrum (je le signal car je gagne rarement à quel jeu que ce soit;-), un petit groupe de joueurs (surtout belges d'ailleurs) a trouvé la boite qui traînait dans un coin... il y on joué toute la nuit ! Le lendemain, Cyrile Daugeant a insisté auprès de Marc Munes (le grand patron d'Asmodée) pour qu'il test le jeu. Je m'attendais un peu à son avis. Il aurait pu dire; "j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle". La bonne: le jeu est vraiment sympa. La mauvaise : il est impossible a éditer, car les pistolets (indispensables pour l'ambiance) rendraient la boite de jeu trop chère ! Ce n'est d'ailleurs pas le seul à m'avoir fait cette remarque au cours du Week End... je me résignais donc à ne faire de KillDog qu'un jeu en encart... ce qui est finalement déjà pas mal après tout.
Mais, quelques mois plus tard, les Belges de Repos Prod. me contactaient. Ils s’étaient fait une version de KillDog d’après leurs souvenirs et étaient tellement sûrs que le jeu avait son public qu’ils m’ont proposer de l’éditer ! Au passage, le jeu a gagné un nouveau nom : Reservoir Guns, histoire de rester dans l’esprit et de mettre l’accent sur le fait qu’il y aura des flingues dans la boite et non des chiens.
Octobre 2004, je signais, à Essen, le contrat de Reservoir Guns. Le jeu commençait déjà à faire parler de lui sur le net ce qui confortait d’autant l’éditeur dans son choix. Cela obligeait aussi à proposer plus qu’une simple version en boite du jeu en encart. Thomas et Cedrick avaient déjà pas mal d’idées. Ils avaient ajouté les points de honte, ils voulaient des Pouvoir spéciaux et, si possible, un Flic infiltré, comme dans le film !
Les premiers personnages étaient simplement des adaptations des variantes proposées avec l’encart. Puis, au fil des tests, les moins fun ont été écartés, les plus faibles équilibrés, etc. Mais, la partie la plus difficile restait à faire…
Car, la principale différence entre les deux versions devait être l’apparition du Flic. L’intention était très bonne, mais la réalisation s’est révélée plutôt ardue ! Il a été en effet très difficile de trouver un système où un des joueurs devrait jouer un double jeu tout en laissant la possibilité aux autres de le démasquer. Les premiers tests n’étaient pas concluants. A tel point que nous avons pensé à abandonner l’idée… C’est Finalement Thomas qui a trouvé le truc en introduisant le Téléphone avec lequel le Flic doit prévenir ses collègues.
Nous étions assez contents de tout ça quand l’avocat de l’éditeur nous apprend qu’appeler le jeu Reservoir Gun risquait de poser des problèmes de droit ! Il nous fallait donc en catastrophe trouver un autre nom…
Mais le nom du jeu n’a pas été le seul problème. Les pistolets, qui devaient absolument se trouver dans la boite, en faisait monter dangereusement le prix. L’équipe de Repos Prod a passé plusieurs mois à tester tous les fabricants de flingues en plastique de la planète pour finalement trouver une solution alternative qui résolvait beaucoup de problèmes d’un seul coup : des pistolets en mousse ! Moins chers, plus légers, et moins réalistes, c’était la solution idéale pour lancer le jeu dans une gamme « tout public ».
Il ne restait qu’à mettre tout ça dans une belle boite, avec de belles cartes, un truc qui en jette ! Pour cela, les Belges avaient déjà leur idée: confier les illustrations à Gérard Mathieu un des créateurs du mythique Super Gang et illustrateur emblématique de Ludodélire… il faut dire que le jeu a un air de famille. Les premières illustrations ne nous ont pas déçus ! La pagaille du partage qui devait être sur la boite était super bien rendue… il ne nous restait plus qu’à trouver un titre pour cette superbe couverture.
C’était vraiment urgent, car, à ce moment là, le nom de code du jeu était « Cojones ». Bon, ok, c’est marrant à crier durant la partie… mais comme titre !
La solution fut trouvée suite aux dernières rencontres Ludopathiques, la plupart des participants ayant testé le jeu, beaucoup nous firent des propositions… de la plus sérieuse à la plus décalée. Dans ce brainstorming furieux, j’ai proposé CA$H’n GUN$ qui a finalement été gardé.
Mais, pour la bonne bouche, voila les noms auxquels vous avez échappé : Full Metal Cojones ; Cojones et katanas ; Les Cojones de Katanas ; Les Cojones de la Table Ronde ; Pope Fiction ; Les 3 à 7 Salopards ; Holy Bang ; Guns n' Noses ; Au nord c'était les cojones ; FRIC'n FLIC ; MAFIA$ ; WORLD OF MAFIA ;
PETIT DEAL ENTRE AMIS ; Un flic ami ami ?; L'Or des Barbouzes ; Les Félons Flingueurs ; Point Blank ; Aventuriers du Bang ; Ticket to Bang ; Cojones nostrum ; Gang Bang ; Camora Blues ; Guns Academy ; A A A A (staying alive)
Nous avions donc le jeu et ses nouvelles variantes, des pistolets en mousse, de superbes illustrations et (enfin) un titre ! Tout était donc prêt pour que le jeu sorte en boite à Essen, un an après sa parution en encart dans JsP et la signature du contrat avec Repos Prod. Il aura bien fallu ça pour faire évoluer le jeu et proposer lors du salon un vrai jeu d’ambiance original qui satisferait tout le monde.
Bien qu’ayant suivi l’évolution graphique du jeu à distance par Email, je n’ai découvert la version finale que la veille du salon, à l’hôtel. J’ai vraiment été épaté par la réalisation ! Les flingues en mousse étaient vraiment comme je les imaginais, les billets en carton épais de super qualité, même les renforts en carton à l’intérieur de la boite sont illustrés des crayonnés de Gérard Mathieu ! Bref, le soucis du détail a vraiment été porté… dans les moindres détail justement. J’ai également découvert le Silver Shotgun en mousse, le collector offert avec les 500 premières boites… l’occasion de faire une partie pour tester pour la première fois le matos définitif en live ;-)